«Il est incontestable que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres». Telle est la première affirmation du résumé pour les décideurs du 6e rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), sorti en été 2021. Les scientifiques constatent également que ce réchauffement, qui est de l’ordre de 1,3 degré en 150 ans, se produit à un rythme extrêmement rapide à l’échelle de l’histoire planétaire, et qu’il s’accélère.
Ce réchauffement est principalement dû à l’extraction et à l’exploitation intensive des énergies fossiles – pétrole, charbon, gaz – depuis l’avènement de l’ère industrielle, au milieu du XIXe siècle. Or, la combustion de ces matières premières génère des gaz, principalement du dioxyde de carbone, le fameux CO₂. S’accumulant progressivement dans l’atmosphère, ils agissent à l’image d’une couverture, piégeant la chaleur en l’empêchant de s’échapper vers l’espace.
Si nous continuons à émettre du CO₂ au rythme où nous le faisons actuellement, nous allons, selon les différents scénarios établis par le GIEC, vers une augmentation des températures globales de +3 à +5 degrés d’ici la fin du XXIe siècle. Si cela ne semble pas beaucoup à une échelle météorologique, c’est énorme à l’échelle climatique. A titre de comparaison, au maximum de la dernière ère glaciaire, il y a 20’000 ans, la température terrestre moyenne est estimée entre 3 et 5 degrés de moins que celle de l’ère préindustrielle, et notre région était recouverte d’au moins 1 kilomètre de glace.
De plus, un tel réchauffement ne se fait pas de manière linéaire. A certains de ses stades, des processus d’emballement peuvent se déclencher, rendant l’évolution climatique incontrôlable. C’est ce qu’on appelle des boucles de rétroaction positives – soit des phénomènes de réaction en avalanche, qui peuvent se renforcer mutuellement. Par exemple, les terres gelées en permanence au Nord de notre planète, que l’on appelle le pergélisol ou permafrost, commencent déjà à fondre. Si les grandes quantités de CO₂ et de méthane qu’elles contiennent sont relâchées dans l’atmosphère, elles contribueront grandement au réchauffement, feront encore davantage fondre les sols et permettront donc le dégagement d’encore plus de gaz. Un autre exemple, moins souvent cité, est directement lié à l’augmentation des températures: celui de la vapeur (l’eau sous sa forme gazeuse). Plus l’air est chaud, plus il peut en stocker. Etant l’un des gaz à effet de serre les plus puissants, cette vapeur va contribuer à l’augmentation des températures, et ainsi de suite…
Le climat terrestre, rythmé par des saisons régulières, a été d’une grande stabilité depuis la fin de la dernière ère glaciaire, soit depuis environ 11’000 ans, date à laquelle apparaît la pratique de l’agriculture. Avec des augmentations de températures aussi rapides que celles que nous connaissons, il est amené à devenir bien plus imprévisible, menant à une plus grande fréquence d’événements extrêmes, tels que précipitations de nature tropicale, vagues de chaleur et canicules, tempêtes, ouragans, orages, grêles, feux de forêt. A leur tour, ces événements ont des conséquences importantes, engendrant des perturbations du cycle de l’eau – des périodes de sécheresse plus nombreuses et plus longues, mais aussi des inondations, des éboulements et des coulées de boue -, affectant la croissance des végétaux, rendant la perte de récoltes entières plus probable et le risque de pénuries, voire de famines, plus prégnant. Sans oublier les dangers pour la santé, comme l’augmentation du nombre de maladies et de pandémies. Les vagues de chaleur sont également extrêmement dangereuses. Elles sont la cause de nombreux décès, le corps ne pouvant plus transpirer pour réguler sa température, lors de canicules, dans un air saturé d’humidité.
Une partie des terres émergées, principalement en partant de l’équateur et jusque dans le bassin méditerranéen, pourrait connaitre d’ici la fin du siècle des dizaines de jours par année de combinaison de température et d’humidité mortelles, poussant des millions de personnes à migrer pour survivre. Tout cela mettrait de grosses pressions sur de nombreux pays, accélérant les sources de conflits et de guerre autour de ressources tels que territoire, eau, nourriture…
Nous devons donc agir vite. En 2019, l’ONU annonçait que pour atteindre l’objectif de +1,5°C fixé par les accords de Paris, nous devions impérativement réduire nos émissions mondiales de 7,6 % par an au cours de la décennie suivante. Or, nous en sommes encore très loin, le taux de CO₂ continuant à grimper, atteignant même, au printemps 2021, un record de 420 parties par million (ppm). Un taux inédit en plus de 3 millions d’années. Au-delà des sites spécialisés, la nouvelle n’a pourtant fait aucun gros titre dans les médias.
Il est difficile de situer le moment exact où “il sera trop tard”, mais les signaux sont clairement au rouge. Dans le chapitre “Nécessité de changer de système” du Rapport du Conseil fédéral sur l’environnement 2018, on peut lire, p.182: “les gains d’efficacité sur le plan économique ou technologiques ne suffiront à eux seuls pour concrétiser les objectifs de l’UE pour l’année 2050. Selon cette étude, ces objectifs ne peuvent être atteints qu’en modifiant fondamentalement les modes actuels de production et de consommation”.
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