Pierre-François

J’ai 61 ans. Je suis donc un boomer… Né avec les missions Apollo qui m’ont fait rêver enfant, passionné par les sciences, je suis devenu ingénieur. J’ai longtemps cru que le génie technique humain allait résoudre, un à un, tous les problèmes de l’humanité. J’ai cependant toujours été sensible aux deux causes environnementales et sociales. Mais ce n’est qu’il y a une petite dizaine d’années que des lectures diverses (le fameux rapport Meadows « The Limits to Growth », d’abord, mais aussi bien-sûr, plus tard, les rapports du GIEC, puis le livre « Comment tout peut s’effondrer » de Pablo Servigne, et de nombreux autres scientifiques accessibles en ligne tels que Jean-Marc Jancovici, mais aussi Arthur Keller, Aurélien Barrau et bien d’autres) m’ont subitement révélé les dangers imminents que le mythe libéral de la croissance continue dans un monde fini, l’épuisement des ressources de la planète, la domination de l’homme sur toutes les niches écologiques, défrichant les forêts primaires et repoussant la faune sauvage sur des territoires de plus en plus exigus (au point, par cette proximité territoriale et le rapprochement de populations humaines et animales, de faciliter l’émergence de nouveaux virus…), la pollution chimique, la surconsommation générale, l’agriculture et l’élevage intensifs, et bien entendu la combustion effrénée, en seulement 150 à 200 ans, de la presque totalité des réserves mondiales de carburants fossiles constituées depuis des millions d’années et générant des quantités phénoménales de gaz à effet de serre à l’origine démontrée du réchauffement climatique, qui sont en train de mettre en danger l’habitabilité de la presque totalité de la planète et ont déjà amorcé largement la 6ème extinction massive des espèces observable par la chute impressionnante de la biodiversité.

Comprenant à quel point les lendemains s’annoncent catastrophiques pour nos enfants, petits-enfants et descendants, mettant en jeu la survie même de l’humanité, je me suis résolu à refuser le déni (si fréquent et facile parmi mes contemporains) et à m’engager résolument dans l’action pour la cause climatique et environnementale et l’accélération de la transition énergétique.

J’ai commencé à titre personnel et individuel en réduisant fortement mon empreinte carbone directe en posant des panneaux photovoltaïques sur mon toit, puis en remplaçant mon chauffage à gaz par une pompe à chaleur, et enfin en remplaçant mon véhicule diesel par un véhicule électrique (pour me rendre à mon travail à 50km mais difficilement accessible par les transports publics), mais aussi en me déplaçant plus souvent à pied ou à vélo électrique pour des trajets locaux et en commençant à consommer plus local et baisser ma consommation de viande.

C’est ensuite, vers 2018 et 2019, constatant que toujours rien ne bougeait au plan politique, comme dans les prises de conscience individuelles de la majorité de la population, que j’ai pris part à diverses manifestations pour le climat, avec la grève pour le climat, les Grands-parents pour le climat, puis avec XR.

Après plusieurs manifestations autorisées sans grand effet, j’ai compris que des actions plus radicales de désobéissance civile, comme celles organisées par XR, étaient peut-être nécessaires pour attirer l’attention du plus grand nombre, de la classe politique et mobiliser les médias. J’ai donc pris part à la manifestation de blocage de l’avenue de Rhodanie à Lausanne, du 27 septembre 2019 en tant que bloqueur pour XR. J’ai été interpelé comme prévu et ai été condamné à une lourde peine de 400.- d’amende et 180 jours-amende avec sursis pendant 5 ans (!!) en raison d’une fantaisiste accusation supplémentaire de violence à l’endroit de la police portée contre moi ! C’est cette accusation (et uniquement celle-ci) que je vais contester en appel le 1er février (2022) au tribunal de police de Montbenon. Celle-ci étant en fait une simple bousculade involontaire survenue avec un policier habillé en robocop qui s’était interposé au dernier moment alors que, laissé sans surveillance à 20 m du front de la manifestation, j’avais tenté de courir en direction de la manifestation pour la rejoindre à nouveau et espérer la prolonger quelque peu et me faire arrêter une seconde fois… C’est alors que ce policier s’est interposé subitement sur ma trajectoire en surgissant de derrière un fourgon. Surpris, je n’ai pu arrêter ma course et lui suis involontairement rentré dedans. Ni lui ni moi-même n’avons été blessés ni ne sommes même tombés. Il ne s’est agi que d’une bousculade sans conséquence, après laquelle je me suis laissé interpeller sans aucune résistance.

Depuis cet épisode, j’attends mon jugement, alors que le Covid a malheureusement éloigné l’attention médiatique et du public de la cause essentielle de la lutte contre le dérèglement climatique pour l’avenir de nos enfants.

J’observe cependant que ces manifestations de désobéissance civile de 2019 ont apparemment porté leurs fruits, si j’en juge par la vague verte constatée fin 2019 lors des élections fédérales.

Je me suis par ailleurs depuis résolu à ne pas baisser les bras et à renforcer mon action en m’engageant cette fois politiquement (pour la première fois de ma vie) en me présentant au conseil communal de ma commune (Le Mont-sur-Lausanne, où j’ai été élu au printemps 2020 avec le mouvement vert et social « Le Mont citoyen ».)

Je suis désormais également candidat au Grand conseil pour les Vert·e·s vaudois·es dans le sous-arrondissement de Lausanne/Cheseaux.

Je pense en effet que nous devons faire feu de tout bois et utiliser les institutions démocratiques également quand elles nous le permettent tout en ne négligeant toujours aucune opportunité de mobiliser les médias pour renforcer la prise de conscience collective de l’urgence et de l’importance essentielle de la cause que nous défendons pour, sinon éviter, du moins atténuer autant qu’il est possible, les conséquences des erreurs commises depuis le début de l’ère industrielle et fossile.

Ne pas faire le maximum en ce sens aujourd’hui, serait pour moi un déshonneur et une lâcheté intolérable en face du regard et du jugement futur de nos descendants.

 



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Frédérique

Des manifestations sans effet produisent le même effet que l’interdiction de manifester : l’anxiété individuelle, la peur et la colère de citoyens qui se demandent avec angoisse s’il y a un pilote dans l’avion. Depuis combien de temps les écologistes tirent-ils la sonnette d’alarme ? Au minimum, depuis le rapport du Club de Rome qui nous annonçait que les limites de notre Terre ne permettraient pas une croissance infinie. C’était en 1972. Voilà 50 ans que les scientifiques, les philosophes et les militants prêchent dans le désert. Depuis les années 80, ils ont été systématiquement moqués, discrédités, caricaturés, quand ce n’est pas tout bonnement tués, dans certains pays où ils s’opposent aux intérêts des multinationales. Car les opposants qu’on assassine le plus aujourd’hui, ce sont les militants écologistes.

Aujourd’hui comme dit l’autre, « ça rigole plus ». Avec les canicules, la montée du prix des carburants, les inévitables migrations en provenance de pays exposés, on commence à les prendre au sérieux. Malgré tout ça, les rapports et les manifestations continuent à ne servir à rien. Pire, ils sont un alibi. Ils ne servent qu’à gagner du temps pendant que l’on ne fait rien. On nous paye de mots. Sous la pression des marches pour le climat, le Grand Conseil Vaudois en 2019 a pris une résolution déclarant « l’urgence climatique ». Et alors ? Voyez-vous moins de SUV au bord du lac ? Moins de viande dans les rayons de la Migros ? Une convention citoyenne a-t-elle été lancée sur le sujet ? Non, la croissance a repris de plus belle depuis la fin de l’épidémie.

Certains jeunes sont donc stupéfaits de l’incurie de la génération précédente. Nos gouvernants sont-ils aveugles ? Eux qui sont censés anticiper et nous protéger, ont-ils seulement pris connaissance du dossier ? C’est dans ces circonstances qu’apparaît la nécessité de la désobéissance civile non violente. Greta Thunberg le dit : « Je n’ai plus d’espoir que dans les activistes » : il s’agit de dire la vérité, ce qui est une des trois revendications de Extinction Rebellion. Une enquête publiée par la revue The Lancet le 14 novembre 2021 montre que 3/4 des jeunes interrogés dans 10 pays différents, ont la peur au ventre. La fracture des générations est immense. On nous traite de boomers avec amertume. Ceux qui militent n’en peuvent plus d’être les Démosthène de notre Confédération. Dans cette situation verrouillée, que faire ? Que faire ? Autour de nous, trois types de réactions :

Première réaction : « Après moi le déluge. » Nous en connaissons tous, de ceux qui disent « Oui, les jeunes vont trinquer, et alors ? L’Afrique va trinquer, et alors ? » Je reconnais que je ne vis pas moi-même sans une bonne dose de ce cynisme. Mon teléphone, mon imprimante, mon TGV, mes habits : chacun de nous vit avec l’équivalent de 400 esclaves énergétiques, qui nous font vivre dans un confort et une rapidité inouïs. Je sais parfaitement que cette énergie tue. Et après tout est-ce que je ne devrais pas admettre comme les gens raisonnables que nous sommes impuissants ? Il n’y a pas de politique. Il n’y a que des processus technologiques et financiers contre lesquels on ne peut rien. Voilà la première réaction : le cynisme.

La deuxième réaction, elle est rare. Moi qui ai grandi en France, je sais bien que des résistants, en réalité il y en a eu 2% pendant l’Occupation. Mais ces 2%, ce sont ceux qui ont sauvé l’honneur d’un pays dont certains cadres s’étaient organisés pour capituler. Capituler, est-ce que ce n’est pas ce que les adultes sont en train de faire en ce moment ? Pourtant ce sont les résistants qui sont au programme des écoles. Alors comme le dit le prix Nobel Jacques Dubochet, qui célèbre l’enterrement de
nos glaciers dans l’indifférence générale, on devrait les décorer, ces jeunes qui risquent leur réputation, leur avenir, leur argent, leur casier judiciaire, pour défendre l’intérêt général. Que nous soyons deux cents à bloquer la rue Centrale, c’est l’honneur de la Suisse. Quant à moi, tout simplement, je n’aurais pas pu me regarder dans la glace si je n’avais pas bougé, le jour où se levait un mouvement comme Extinction Rebellion. Nous sommes 800 000 dans ce canton à profiter d’un paysage sublime, à profiter de ce que la vie nous donne généreusement, diversité biologique, fertilité, abondance ; à profiter aussi de ce que nos pères et nos mères ont construit, en termes de richesse, de possibilité d’éducation, de solidarité, de prévoyance. 800 000, et nous ne sommes que 200 à vouloir protéger cet héritage ? Et ces 200, on les traduit en justice comme des malfaiteurs ? La première qualité d’un citoyen est donc de consommer et de marcher au pas ?

Enfin, devant la perspective de l’extinction de la vie sur terre, il y a une troisième attitude possible : c’est d’avoir peur en silence. Une petite anecdote : le maître d’histoire d’un de mes enfants, est un jeune professeur, brillant, ultra-consciencieux, et qui connaît parfaitement la situation et ses enjeux. Un jour il m’interpelle : « Tu fais partie d’Extinction Rebellion » ? Et il soupire. « Tu sais moi, je pense que mon fils, verra des scènes d’anthropophagie… » Il m’explique que quand les forêts auront disparu et que les nappes phréatiques seront remplies d’eau de mer… eh bien l’histoire nous apprend que les famines s’accompagnent d’épisodes d’anthropophagie. Je lui demande : « Si tu es convaincu de cela, pourquoi tu ne viens pas avec moi au blocage ? » Réponse : « J’ai peur d’être fiché. »

Je ne jette pas la pierre à ce collègue. Au contraire, je pense qu’il exprime avec sincérité ce que ressentent beaucoup d’entre nous. Il a plus peur de la répression, que de l’avenir terrifiant qu’il voit arriver pour son fils. On n’ose pas défendre son pays parce qu’on a peur de l’Etat. C’est exactement là que nous sommes aujourd’hui. C’est le problème que pose ce procès contre les activistes : notre justice doit-elle punir les citoyens qui défendent l’intérêt général ? Si on veut rendre la justice, si on veut maintenir l’ordre, est-ce vraiment aux activistes qu’il faut faire peur ?

 



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Félix

A 14 ans, j’ai visité le musée de la Résistance à Berlin. Ce qu’on y disait, c’est que dans les pays occupés, la plupart n’avaient pas résisté. On voyait les injustices, on devinait l’horreur, mais c’était normal de rester spectateur silencieux de ces crimes et c’était récompensé d’y participer. Une société toute entière se rendait complice d’un crime contre l’humanité. À l’école, on m’avait parlé très tôt de la Shoah. Le devoir de mémoire. Pour que cela ne se reproduise pas. Alors dans ce musée, je me suis demandé quel crime la société qui m’élevait pouvait être en train de commettre. Ce jour, je me suis rendu compte que pour ma génération ne rien faire serait se rendre complice d’un crime contre le vivant.

J’ai le privilège d’avoir eu accès à des études supérieures. Au moment de choisir ma voie je croyais le discours dominant qui dit que la question environnementale est d’ordre technique et que c’est de solutions techniques que nous manquons. Alors j’ai fait l’EPFL en sciences et ingénierie de l’environnement. J’ai travaillé ensuite 4 ans comme ingénieur et chef de projet environnement dans le domaine de l’urbanisme. Mais dans ce domaine, c’est le client qui paye et le client veut faire son projet à moindre coût. Alors on aide le client à faire le minimum légal, ou on perd le client.

Désabusé, j’ai fini par démissionner, pensant donner plus de sens à mon travail en devenant entrepreneur. J’ai fondé une entreprise dans le domaine de l’agriculture urbaine. Mais la réalité du monde de l’entrepreneuriat m’a vite rattrapé. Malgré les beaux discours sur l’innovation, la recherche du profit y passe systématiquement avant tout.

Aujourd’hui, j’ai 32 ans. La situation climatique et écologique n’a jamais été aussi catastrophique. Nous allons au-devant de dizaines de millions de morts dans les 30 prochaines années. Notre gouvernement ne prend pas le dixième des décisions qu’il faudrait pour éviter le désastre. Comme beaucoup, j’ai essayé longtemps de faire ma part sans questionner le cadre politico-économique. Comme beaucoup, je réalise que ça ne suffit plus. Maintenant le choix est simple : soit nous faisons changer le cadre, soit nous allons à notre propre destruction.

 

Elise

Je ne pensais pas un jour me retrouver sur le banc des accusé-es dans un tribunal, et pourtant je m’y suis retrouvée de mon plein gré, sans regretter une seconde mon engagement et mes choix. Je me suis tenue droite et je continuerai à le faire.

Les lois d’hier sont incapables de nous mener vers le monde de demain, elles ont été façonnées pour maintenir l’ordre établi, celui des inégalités et des systèmes d’oppressions. Notre fière démocratie, qui a si belle allure, n’est qu’hypocrisie quand on s’intéresse au poids des lobbies et des industries dans les décisions politiques. Elle ne représente pas le peuple, elle sert l’économie et les classes supérieures avant tout.

Même si je continue à voter, je ne crois plus à la voie politique régulière. Ou plutôt, j’ai la ferme conviction que, pour avancer, elle doit s’accompagner d’une multitude de luttes de terrain. Elle doit ressentir la pression de la rue pour qu’elle ne puisse plus faire comme si elle n’entendait pas, ne voyait pas.

Je m’engage parce qu’aucune avancée politique ne s’est faite sans lutte. Parce que les prétendues solutions « écologiques » vers lesquelles tend notre gouvernement ne résolvent rien, pire, font partie intégrante du problème. Parce que les rêves de villes bétonnées et contrôlées par drones « pour notre sécurité », la consommation (même « verte ») optimisée et le gaspillage inhérent à la surproduction ne font pas partie du monde dans lequel j’aimerais vivre, ni même d’un monde où il serait possible de survivre une fois les ressources pillées et les injustices sociales à leur apogée. La technologie « verte » ne nous sauvera pas. Elle s’effondrera sous ses propres limites inavouées ou, au mieux, sauvera moins de 1 % de la population en écrasant le reste.

Je m’engage parce qu’un pas de côté est plus que jamais nécessaire pour limiter la casse. Parce que seul un changement de paradigme et de valeurs fondamentales peut nous mener à une vie digne, pour toustes, en acceptant nos limites, la maladie, la mort, la part non maîtrisable du vivant, et en vivant avec elles.

Je m’engage parce que si je ne le fais pas aujourd’hui, j’aurai honte demain devant le regard des jeunes générations. Quand mes nièces ou leurs enfants me demanderont : « Pourquoi, quand il était encore temps, vous n’avez pas fait tout ce qui était en votre pouvoir pour faire bouger les choses, alors que vous saviez ce qui était en cours ?» Je pourrai alors leur raconter nos luttes, nos doutes, nos victoires, nos espoirs, notre force, nos audaces, nos défaites, nos faiblesses, nos chants. Et j’espère que dans ce futur où j’aurai leurs regards posés sur moi, nous ne vivrons pas le pire des scenarii possibles, que nos actes auront fait une différence.

Il est grand temps que le mythe de la croissance infinie s’effondre et nous laisse une petite chance de survivre. Je rêve d’une vie où le confort — ou plutôt le luxe et la surabondance — pour un petit nombre ne mette pas en danger la survie de l’immense majorité des autres à court terme, et de toustes à long terme.

Alors si, pour construire un futur dans un monde viable, enviable et juste, il faut braver les lois de l’ancien monde, je n’ai pas le loisir d’hésiter. Parce qu’en tant que Suisse blanche, universitaire et soutenue par sa famille, ses ami-es (et même ses employeur-euses !), j’ai la chance de pouvoir prendre des risques juridiques. Parce que même s’il faut du courage pour entrer volontairement dans les rouages de la justice, même si ce n’est pas anodin de mettre son corps en travers du système pour dire « stop », ces risques ne sont rien face à ce qui nous attend si nous ne nous mobilisons pas maintenant.

Oui, je désobéis à un État autoritaire, discriminant, toxique et mortifère pour lequel les intérêts financiers des lobbys et des actionnaires passent avant tout. Un État qui, quand on le fait trembler sur ses bases, réagit avec une violence disproportionnée. Mais j’obéis avec force à la vie qui m’habite. J’obéis à des lois plus hautes. Parce que les valeurs qui me sont chères, de protection et d’acceptation du vivant dans toute son ampleur, ne sont pour moi pas négociables… Même si cela coûte les privilèges de quelques-un-es.

La politique n’est pas une affaire de politicien-nes. En tant que citoyens et citoyennes, c’est notre affaire à toustes. Nous pouvons et nous devons nous l’approprier et en changer les règles.

 



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Alice

En été 2019, j’ai fait un malaise à cause de la chaleur. Il ne faisait pas excessivement chaud, pourtant. Nous n’étions pas encore en pleine canicule. Mais mon corps a lâché, j’ai eu des vertiges et le sentiment d’étouffer. J’ai bu beaucoup d’eau fraîche, mangé du sucre, rincé mes poignets sous l’eau froide du robinet ; j’ai tenté de marcher, puis me suis couchée un moment, mais rien n’y faisait : pendant plusieurs heures, j’ai éprouvé la sensation d’être enfermée dans mon corps et dans ma souffrance. Ce sentiment s’est atténué durant la nuit, mais les jours et les semaines qui ont suivi, l’angoisse que cela recommence, que je ne puisse plus maîtriser mes gestes, que je ne sache pas comment m’en sortir, m’a tenaillé le ventre.

Cet été-là, des feux de forêt massifs ont ravagé l’Amazonie. Puis l’Australie. Je ne pouvais pas ne pas voir. Ce qui se passait au-delà de nos frontières se passait aussi en moi, et autour de moi : je voyais d’autres gens souffrir de problèmes divers liés à la pollution, à l’alimentation, à la dégradation de l’environnement, à la disparition d’animaux, à un système globalement toxique et mortifère.

Je me sentais seule, et pourtant au beau milieu d’une foule de gens qui éprouvaient les mêmes peurs sans oser les exprimer, sans savoir quoi faire. Je me sentais impuissante. Je me sentais révoltée mais n’osais pas dire cette révolte, parce que j’étais persuadée que nous étions toutes et tous fautives et fautifs. Puisqu’on me disait depuis mon enfance que le monde allait vers des années sombres et que chaque individu était responsable, je croyais que le problème était lié à l’ensemble des humains. À ce titre, j’avais honte d’être humaine.

Et puis j’ai rencontré des scientifiques, des médecins et d’autres amies et amis d’XR. En discutant avec elles et eux, j’ai compris l’évidence – et j’ai compris aussi pourquoi elle ne m’avait pas sauté aux yeux auparavant : les personnes « responsables » de ce massacre, ce n’étaient pas moi et mes ami·e·s. J’étais une jeune étudiante vivant avec un très petit budget : je n’avais pas de voiture ni même de permis, j’habitais dans un appartement modeste, je consommais très peu. Et même si j’avais eu des habitudes de consommation plus gourmandes, je n’aurais pas été PDG d’une grande banque, lobbyiste pour une compagnie pétrolière, ou à la solde d’une quelconque multinationale exploitant des ressources rares à l’étranger. En somme, je faisais du mieux que je pouvais, je souffrais dans ma chair d’une situation écologique déjà intenable, et le pire dans tout cela, c’est que je culpabilisais encore de ne pas faire assez bien ! J’ai peu à peu aussi compris la grande arnaque de notre système éducatif et des discours politiques sur l’écologie : on nous a fait croire, citoyennes et citoyens ordinaires, que c’était de notre faute, que nous étions responsables de ce qui arrivait, et que si nous n’étions pas content·e·s, nous n’avions qu’à faire plus d’efforts. La « responsabilité individuelle », quelle belle illusion, quelle belle excuse pour que tout continue comme avant, que les politiciens et politiciennes dorment sur leurs deux oreilles, que les comptes bancaires suisses continuent de se remplir, et que nous allions toutes et tous sagement vers la mort.

Au vu des prédictions scientifiques, l’avenir me terrorise. Mais ce n’est pas seulement l’avenir qui pose problème : le présent aussi. Les raisons de lutter ne se trouvent pas seulement dans les lendemains obscurs, elles sont ici, à nos frontières et chez nous.

S’il ne s’était agi que de ma souffrance, j’aurais pu serrer les dents. Mais j’ai un petit frère dont la santé est encore plus fragile que la mienne. Et je voulais avoir des enfants, un jour. Il n’est pas question que je laisse celles et ceux que j’aime risquer leur avenir, mais aussi leur présent et leurs possibilités de bonheur, être réduits en poussière par le délire de quelques personnes extrêmement puissantes qui veulent toujours plus.

Nous avons cru que l’économie était un organisme vivant qu’il faut ménager, alors que c’est seulement un outil que nous avons créé. De même pour la politique. Quand les outils que nous créons ne nous servent plus, et même nous desservent et nous nuisent, ne faut-il pas changer d’outil ? Cette économie, cette politique, ces institutions étatiques sont autant d’outils devenus dysfonctionnels dans le contexte actuel. L’économie capitaliste bouffe toutes nos ressources et nous asservit. La politique est trop lente pour gérer l’urgence. Les institutions punissent et font taire celles et ceux qui sonnent l’alarme.

Dès lors, désobéir n’est pas une tare, au contraire : c’est un devoir citoyen.

 



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Regula

J’ai arrêté de manger de la viande quand j’avais 15 ans puisque je ne voulais plus qu’un animal meure à cause de moi. Beaucoup plus tard – il y a une dizaine d’années – je me suis rendue compte que toute l’industrie de produits d’animaux n’était pas seulement à l’origine d’une énorme souffrance, mais également d’émissions de gaz à effet de serre très importantes – autant que tous les transports réunis. Du jour au lendemain, j’ai décidé de devenir végane et j’ai rejoint un groupe de bénévoles actif dans la protection de l’environnement. Mais le vrai élément déclencheur qui a fait que je voulais participer à des actions plus poussées était une conférence de collapsologie. Elle m’a permis de voir que le danger lié au dérèglement climatique n’était pas aussi loin que ce notre gouvernement nous dit, mais imminent. Prendre part à des actions de désobéissance civile était pour moi la suite logique. J’étais convaincue que la non-violence était le bon moyen pour me révolter et qu’avec assez de personnes, nous arriverions à informer toute la population du danger et nos hommes et femmes politiques à prendre des mesures pour nous protéger de l’extinction.

Aujourd’hui j’ai très peur de l’avenir. Si nous continuons ainsi, dans une vingtaine d’années il y aura des grandes famines et la Suisse sera un des derniers pays d’Europe où il y a de l’eau. Nos pays voisins ne viendront pas gentiment nous demander si nous aimerions leur en donner un peu – ils viendront la chercher de manière violente : la guerre partout. Alors que la terre sur laquelle je rêve de vivre est un endroit où nous prenons soin les unes et les uns des autres, un endroit de partage, de bienveillance, de joie, d’apprentissage où il y a de la place pour tous les êtres. Un endroit où nous pensons amour et non pas argent.

 



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«Il est incontestable que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres». Telle est la première affirmation du résumé pour les décideurs du 6e rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), sorti en été 2021. Les scientifiques constatent également que ce réchauffement, qui est de l’ordre de 1,3 degré en 150 ans, se produit à un rythme extrêmement rapide à l’échelle de l’histoire planétaire, et qu’il s’accélère.

Ce réchauffement est principalement dû à l’extraction et à l’exploitation intensive des énergies fossiles – pétrole, charbon, gaz – depuis l’avènement de l’ère industrielle, au milieu du XIXe siècle. Or, la combustion de ces matières premières génère des gaz, principalement du dioxyde de carbone, le fameux CO₂. S’accumulant progressivement dans l’atmosphère, ils agissent à l’image d’une couverture, piégeant la chaleur en l’empêchant de s’échapper vers l’espace.

Si nous continuons à émettre du CO₂ au rythme où nous le faisons actuellement, nous allons, selon les différents scénarios établis par le GIEC, vers une augmentation des températures globales de +3 à +5 degrés d’ici la fin du XXIe siècle. Si cela ne semble pas beaucoup à une échelle météorologique, c’est énorme à l’échelle climatique. A titre de comparaison, au maximum de la dernière ère glaciaire, il y a 20’000 ans, la température terrestre moyenne est estimée entre 3 et 5 degrés de moins que celle de l’ère préindustrielle, et notre région était recouverte d’au moins 1 kilomètre de glace.

De plus, un tel réchauffement ne se fait pas de manière linéaire. A certains de ses stades, des processus d’emballement peuvent se déclencher, rendant l’évolution climatique incontrôlable. C’est ce qu’on appelle des boucles de rétroaction positives – soit des phénomènes de réaction en avalanche, qui peuvent se renforcer mutuellement. Par exemple, les terres gelées en permanence au Nord de notre planète, que l’on appelle le pergélisol ou permafrost, commencent déjà à fondre. Si les grandes quantités de CO₂ et de méthane qu’elles contiennent sont relâchées dans l’atmosphère, elles contribueront grandement au réchauffement, feront encore davantage fondre les sols et permettront donc le dégagement d’encore plus de gaz. Un autre exemple, moins souvent cité, est directement lié à l’augmentation des températures: celui de la vapeur (l’eau sous sa forme gazeuse). Plus l’air est chaud, plus il peut en stocker. Etant l’un des gaz à effet de serre les plus puissants, cette vapeur va contribuer à l’augmentation des températures, et ainsi de suite…

Le climat terrestre, rythmé par des saisons régulières, a été d’une grande stabilité depuis la fin de la dernière ère glaciaire, soit depuis environ 11’000 ans, date à laquelle apparaît la pratique de l’agriculture. Avec des augmentations de températures aussi rapides que celles que nous connaissons, il est amené à devenir bien plus imprévisible, menant à une plus grande fréquence d’événements extrêmes, tels que précipitations de nature tropicale, vagues de chaleur et canicules, tempêtes, ouragans, orages, grêles, feux de forêt. A leur tour, ces événements ont des conséquences importantes, engendrant des perturbations du cycle de l’eau – des périodes de sécheresse plus nombreuses et plus longues, mais aussi des inondations, des éboulements et des coulées de boue -, affectant la croissance des végétaux, rendant la perte de récoltes entières plus probable et le risque de pénuries, voire de famines, plus prégnant. Sans oublier les dangers pour la santé, comme l’augmentation du nombre de maladies et de pandémies. Les vagues de chaleur sont également extrêmement dangereuses. Elles sont la cause de nombreux décès, le corps ne pouvant plus transpirer pour réguler sa température, lors de canicules, dans un air saturé d’humidité.

Une partie des terres émergées, principalement en partant de l’équateur et jusque dans le bassin méditerranéen, pourrait connaitre d’ici la fin du siècle des dizaines de jours par année de combinaison de température et d’humidité mortelles, poussant des millions de personnes à migrer pour survivre. Tout cela mettrait de grosses pressions sur de nombreux pays, accélérant les sources de conflits et de guerre autour de ressources tels que territoire, eau, nourriture… 

Nous devons donc agir vite. En 2019, l’ONU annonçait que pour atteindre l’objectif de +1,5°C fixé par les accords de Paris, nous devions impérativement réduire nos émissions mondiales de 7,6 % par an au cours de la décennie suivante. Or, nous en sommes encore très loin, le taux de CO₂ continuant à grimper, atteignant même, au printemps 2021, un record de 420 parties par million (ppm). Un taux inédit en plus de 3 millions d’années. Au-delà des sites spécialisés, la nouvelle n’a pourtant fait aucun gros titre dans les médias.

Il est difficile de situer le moment exact où “il sera trop tard”, mais les signaux sont clairement au rouge. Dans le chapitre “Nécessité de changer de système” du Rapport du Conseil fédéral sur l’environnement 2018, on peut lire, p.182: “les gains d’efficacité sur le plan économique ou technologiques ne suffiront à eux seuls pour concrétiser les objectifs de l’UE pour l’année 2050. Selon cette étude, ces objectifs ne peuvent être atteints qu’en modifiant fondamentalement les modes actuels de production et de consommation”.

Liens utiles: Etudes scientifiques et appels démontrant l’urgence à agir

Appels de scientifiques:

Faits et statistiques:

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Noe

Ma prise de conscience relative aux problèmes climatiques existe depuis longtemps, mais se renforce et se transforme en engagement depuis quelques années. Au début, il était question seulement de discussions avec mon entourage, puis j’ai commencé à changer mon comportement, je suis devenu végétarien, sachant pertinemment que mon action individuelle restait insignifiante. Un jour ma sœur a participé à une action de XR en Allemagne, je me suis dit que je pouvais faire de même en Suisse. Je ne voulais pas rester passif face à notre impact environnemental. Je devais et je dois prendre part à la lutte d’une façon ou d’une autre.

Désobéir me semble assez évident à appliquer. Si mes raisons sont légitimes, je n’ai pas de scrupule à le faire. Je le faisais déjà à l’école pour bien moins que l’urgence climatique. Je ne pense pas à l’impact de mes activités militantes. Je pense aux impacts qui ont et auront lieu si je ne lutte pas contre nos fonctionnements destructeurs. Parfois j’ai peu d’espoir, mais si je dois mourir prématurément, alors je préfère mourir en sachant que je ne suis pas resté indifférent aux impacts que mon espèce a sur son environnement.

Je veux que nous nous rassemblions en masse contre notre système qui est délétère pour nous-mêmes et ce qui nous entoure.

 



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Catherine

J’ai 57 ans, et j’ai quatre enfants de 29 à 16 ans. Je travaille avec des jeunes du même âge, des jeunes concerné·e·s par l’environnement et prêt·e·s à donner de leur temps pour faire changer les choses.

J’adore marcher pendant des jours en montagne, tout en haut, loin de tout. Être à chaque instant en lien avec la nature, et loin des besoins matériels habituels : chaque jour je mets le même pantalon, le même t-shirt, les mêmes chaussures… C’est en rentrant d’un mois de marche que je suis venue à Lausanne pour voir une jeune qui m’avait dit participer à une action. Je venais m’assurer qu’elle allait bien. Je ne l’ai jamais trouvée. Mais j’étais soudain entourée de belles personnes qui, dans une ambiance de joie et de bienveillance, criaient leur angoisse face à la situation de notre planète et leur volonté de changer les choses. Le soir précédent j’avais été invitée à rencontrer des connaissances qui, autour d’un verre, se sont mises à parler de leurs achats lors du Black Friday (c’était le jour même), et je me suis presque enfuie. Le contraste entre ces deux situations, au retour d’un mois loin de tout, m’a donné envie de crier « Stop ! ». Stop à cette consommation effrénée et à tout ce qui pousse les gens à y croire. Stop à cette société qui encourage les individus à se pousser les un·e·s et les autres pour acheter toujours plus et moins cher, plutôt qu’à s’asseoir ensemble dans la rue pour discuter, se soutenir, partager. Stop aussi parce que notre mode de vie actuel ne peut se faire que grâce aux hommes et aux femmes qui vivent dans des pays moins favorisés, qui souffrent encore plus des changements climatiques et qui n’y ont pourtant contribué en rien. Ce jour-là j’ai participé au blocage avec ces merveilleuses personnes présentes, et c’était ma façon de crier
« stop ! ».

Voilà pourquoi je me suis engagée. Pourquoi j’ai choisi de désobéir. Et j’ai encore participé à quelques actions ensuite.

Aujourd’hui mon combat est toujours aussi présent, mais il n’est plus le même. Pour moi il était primordial de dire stop, mais la situation a changé. Les gens ont eu assez de mauvaises nouvelles et de craintes ces deux dernières années. Ils et elles ne veulent plus entendre parler d’une réalité qui fait peur. Et je ne veux pas protester dans le vide. Aujourd’hui je veux leur raconter une autre histoire, celle d’un monde différent, viable et résilient pour tous et toutes. Je suis convaincue qu’après avoir agi contre et crié ma colère, je dois changer de tactique, représenter moi-même le changement et devenir plus créative, montrer que moins ne doit pas faire peur, que la sobriété peut être heureuse, qu’on a tous et toutes à y gagner. Aujourd’hui, et pour l’avenir de nos enfants et de celui de tou·te·s les habitant·e·s de notre planète.

 



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Anne-Claire

J’ai 38 ans et suis la maman d’un enfant de 8 ans.

J’ai grandi au sein d’une famille qui n’avait pas conscience des questions environnementales, qui n’avait pas de connexion avec la nature. Pour laquelle argent et consommation étaient les objectifs de vie à poursuivre. En parfaite citadine, j’ai obtenu un Bachelor en commerce-marketing et j’ai allègrement voyagé en avion, en toute insouciance. Ces voyages étaient en réalité une fuite en avant. Déconnectée du vivant, déconnectée de moi-même, j’étais en perte de sens.

Lorsque j’ai enfin pu ouvrir les yeux ça a été l’effroi. Cette prise de conscience à coups de conférences et d’articles m’a laissée quelque temps dans l’impuissance. J’ai, comme beaucoup, entrepris de changer mes comportements individuels, entre autres ma façon de consommer. Mais la faiblesse de mon impact me déprimait et me décourageait.

En parallèle, j’ai rejoint les marches pour le climat. Ça m’a fait du bien d’être entourée de personnes avec les mêmes préoccupations, les mêmes angoisses.

Après presque deux années de participation aux marches du climat et à tenter de motiver mon entourage, la sensation d’urgence a pris le dessus, de même que l’incompréhension d’un système sociétal englué dans ses schémas dépassés. La désobéissance civile non violente est alors devenue une évidence. Les droits civiques des femmes et des afro-américains ont avancé ainsi. Faire bouger l’ordre établi, remettre en cause les privilèges d’une partie de la population, ne se fait pas sans générer de frictions.

Je continuerai à désobéir pacifiquement parce que je n’ai pas le choix. En tant que parent, mon devoir est de préparer mon enfant à devenir un adulte autonome et épanoui. Comment le préparer à cet avenir effroyable qui nous attend si nous ne faisons rien ? Ne pas savoir s’il aura accès à de l’eau potable, à de la nourriture, s’il sera directement confronté à de violents affrontements lorsque les vagues migratoires, de millions de personnes, issues des régions désormais invivables pour l’être humain, déferleront.

Mes actions ne sont pas légales, mais elles sont justes et proportionnées. Afin de pouvoir continuer à m’engager et assumer les conséquences de mes actes, notamment judiciaires, j’ai choisi de réduire mon temps de travail. C’est aussi l’occasion de mettre en pratique un nécessaire ralentissement. En tant que migrante en Suisse mon engagement me créera peut-être des soucis mais quand cette perspective m’inquiète je relativise. En effet d’après le rapport annuel de Global Witness, rien qu’en 2020, 227 activistes environnementaux sont décédé.e.s dans le monde suite à leur engagement. Ce chiffre ne cesse de grimper année après année. En Suisse nous avons la chance de pouvoir manifester et perturber pacifiquement le train-train quotidien de chacune.e. J’ai le devoir moral de m’engager.

Je veux croire que nous allons saisir collectivement cette opportunité de créer un nouveau monde, ce fameux monde d’après, où nos valeurs et nos priorités nourriront le vivant au sens large, plutôt que de continuer à l’exploiter.

 



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Lionel

Jamais en tant que « bon Suisse » respectueux des règles et de la justice, je ne me serais imaginé me retrouver devant un tribunal comme prévenu. Mais la situation est dramatique : nos sociétés telles que nous les connaissons sont en grave danger si nous n’agissons pas à la hauteur de la crise climatique. Ce ne sont pas quelques illuminés « collapsologues » qui le disent, mais les climatologues les plus réputé-e-s du monde, la totalité de la communauté scientifique. Une politique des petits pas et du compromis à la Suisse fonctionne souvent dans notre pays. Pour le climat, cette option n’est pas envisageable. Aujourd’hui, je suis fier de participer à ce mouvement historique. La désobéissance civile est essentielle pour réveiller les consciences et se montrer moralement à la hauteur de la situation.

 



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Patricia

J’avais 11 ans quand le Club de Rome a publié son fameux rapport : «Les limites de la croissance». Aujourd’hui j’ai 64 ans.

Je ressentais un malaise depuis des années. Dans ma consultation de psychiatre, je rencontrais de plus en plus souvent des personnes souffrant gravement de leurs conditions de travail, j’entendais à quel point d’années en années le monde professionnel devenait de plus en plus délétère. J’étais témoin de graves pertes de sens et d’atteinte de la santé. Mais en dehors de ma consultation, j’entendais peu de remise en question de notre système économique et de notre mode de vie. Je me demandais si j’étais la seule à m’inquiéter, voire même si c’était normal de s’inquiéter.

En 2019 quand j’ai vu les jeunes descendre dans la rue par milliers pour réclamer un futur, j’ai ressenti du soulagement et de la gratitude. Je les ai suivis pleine d’espoir. Il me semblait évident que, nous les adultes, allions entendre leurs cris d’appel à l’aide pour leur avenir. Quelle déception de voir avec quel paternalisme, condescendance et légèreté ielles ont été reçu·es par les politiciens et politiciennes. J’ai ressenti alors du désespoir et c’est alors que j’ai fait connaissance avec le mouvement Extinction Rebellion. J’y ai appris la gravité des conséquences écologiques de notre mode de vie. J’y ai rencontré de magnifiques personnes, jeunes et moins jeunes, organisées, dédiant leur énergie pour le collectif, partageant leurs compétences. J’y ai découvert de sages principes et valeurs. J’ai expérimenté la force de l’intelligence collective. J’y ai trouvé un nouveau sens à ma vie et un espoir pour le futur grâce aux assemblées citoyennes.

Cependant, ayant toujours été une personne obéissante, je n’ai pas tout de suite osé faire de la désobéissance civile. J’avais trop peur. Mais suite à un court séjour en Gruyère, en voyant les prés quasi morts, incapable d’absorber l’eau de pluie, j’ai ressenti de l’angoisse. Que faisons-nous à notre terre ? Puis dans la forêt, des sapins encore debout mais complètement secs, m’ont rappelé que ce serait le sort de tous les sapins si la température continue de monter. Ce fut un déclic : ce que je savais avec ma tête, j’en ai alors pris conscience dans mes tripes. J’ai senti ce que voulait dire « extinction de masse ». J’en ai senti la violence. Et j’ai vu la rapidité avec laquelle notre situation se dégrade. J’ai ressenti alors une tristesse d’une profondeur inouïe, de la même intensité de celle que j’avais ressentie à la perte de mon premier enfant.

C’est à ce moment que j’ai décidé que j’irai m’assoir dans la rue. La «violence» de cet acte de désobéissance civile est dérisoire face à la violence faite à la terre, à celle faite aux exploités et exploitées de ce monde et à la violence de l’absence de réponses adéquates pour l’avenir de nos jeunes.

 

Sonja

J’ai toujours eu conscience vaguement que je ne comprenais pas comment fonctionnait le monde. Petite fille déjà, j’entendais parler de Nasdaq positif à la fin du journal radiodiffusé de midi trente et je demandais à mes parents comment c’était possible que ça augmente toujours. Ce n’était pas logique pour moi. Mais sans que je comprenne pourquoi, et sans faire de lien avec l’exploitation des ressources et la destruction de l’environnement. Ça, c’est venu à l’adolescence.

Et j’ai toujours été consciente des injustices sociales, ayant grandi en Afrique où c’était flagrant. D’où ma décision à l’âge de 11 ans déjà de devenir médecin, pour « sauver » le monde ! Quelle ambition !

Mais c’est seulement il y a quelques années que j’ai compris que tout était lié. Et après des moments de désespoir, de déni, de repli sur moi, je me suis engagée à fond dans l’action avec Extinction Rebellion, dont les demandes, les Principes et Valeurs, et la stratégie me redonnaient espoir. J’y ai rencontré des personnes qui partageaient mes peurs et mon envie d’agir. J’ai compris plus clairement les intrications du capitalisme, du patriarcat, du colonialisme. J’ai compris comment on pouvait s’auto-organiser, se redonner du pouvoir et ne pas se sentir complètement écrasée par l’ampleur de la tâche.

Trois ans plus tard, je doute… Le Covid est passé par là, comme prévu… Et nous avons vu que nous n’étions absolument pas préparés. Comme pour la crise environnementale. Sauf qu’il est passé au premier plan. Et les plans de relance économique ont été élaborés sans tenir compte de l’autre urgence, bien plus grave et systémique. Nous n’arrivons pas à nous réinventer.

Je ne regrette absolument pas mes actions de 2019, ni celles de 2020 ou 2021. Mais j’ai perdu la foi en notre système. Et j’en ai la confirmation à chaque nouvelle condamnation d’activistes.
Février 2022, les juges du Tribunal Fédéral : «Les phénomènes naturels susceptibles de se produire à cause du réchauffement climatique ne peuvent pas être assimilés à un danger durable et imminent, ce qui permettrait d’évoquer l’état de nécessité. »

On fait quoi maintenant ?

 



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Séverine

Pourquoi je m’engage?

Mon engagement a commencé après que j’aie entendu une conférence qui m’a fait prendre conscience du degré d’urgence de la situation écologique. Il n’était plus possible pour moi de ne rien faire. J’ai travaillé comme médecin aux urgences. Ce n’est pas dans ma nature de regarder une femme se faire violer dans le train sans rien dire. Même si ça demande du courage et que ce peut être risqué, je dois faire quelque chose. Ce n’est pas non plus dans ma nature de laisser l’avenir de nos enfants être réduit à néant par la destructivité et l’aveuglement de notre société.

Pourquoi j’ai choisi de désobéir?

Parce que parfois, pour sauver quelqu’un qui est tombé au milieu de la rue, il faut la traverser alors que le feu est rouge. Ça s’appelle assistance à personne en danger. C’est l’état de nécessité.
Si un soldat nazi désobéit à son chef qui lui demande de tuer un civil, a-t-il raison ou tort de le faire ? La plupart des progrès de nos sociétés (droit de vote des femmes, sortie de l’esclavage, indépendance des anciennes colonies, droits civiques aux Etats-Unis) ont été obtenus grâce à des mouvements de désobéissance civile. La désobéissance civile fait partie des droits d’un état démocratique, selon l’ONU. Pour faire pression sur le gouvernement et que les mesures soient prises, il faut que la pression se voie, se remarque. Donc c’est notre devoir de désobéir.

L’avenir?

J’ai bientôt 50 ans, j’ai la chance d’avoir un métier que j’aime et que j’exerce de façon libérale. J’ai aussi la chance d’avoir assez de temps et d’argent pour pouvoir me permettre de m’engager ainsi. Si l’humanité n’a pas d’avenir, mon propre avenir, de toute façon, n’a plus beaucoup de poids à mes yeux… Ce qui me fait mal au cœur, c’est celui de mes enfants. Je voudrais leur épargner les violences et les souffrances d’un monde en déchéance. Je pense que l’humanité telle qu’elle est n’a pas d’avenir. Mais je garde l’espoir qu’un grand changement pourrait avoir lieu et qu’il pourrait y avoir des survivants. Quant au reste de la vie sur Terre, il en restera peut-être aussi quelque chose. Probablement en tous cas suffisamment pour le renouvellement d’une autre forme de vie. Comme après les dinosaures.

Mes messages?

Qui ne dit rien sur cette question consent.

 

Olivier

Là n’est pas la question

Faut-il regarder le doigt ou la planète qu’il désigne ? Faut-il s’intéresser à celui qui pointe son doigt ou à ce qu’il pointe du doigt ? La réponse est connue.

Dégager ou ne pas dégager, voilà la question

Je ne suis pas affilié à XR, ni à la Grève du climat. Néanmoins, j’ai pris part à bien des actions organisées par ces mouvements. Et à chaque fois, se sont posées les mêmes questions :”dégager ou ne pas dégager ?”, “être ou ne pas être”. Je n’ai pas fait le parcours du militant. Je n’ai aucun mérite juste un poing dans la poche.

Légitimité versus légalité

La légitimité est au-dessus des lois, qui ne sont que des garde-fous de l’ordre établi. Lorsqu’il faut changer de direction parce que les voies empruntées nous conduisent au bord du gouffre, les lois doivent être revues et changées. En matière de climat et de biodiversité, la légitimité est portée par des scientifiques. Ce sont eux les lanceurs d’alerte. Nous ne sommes que leurs relais tardifs. Au cours des procès, les juges qui ne veulent pas donner la parole et entendre ces scientifiques, refusent purement et simplement de s’interroger sur la légitimité des lois en vigueur.

Espace public

Idéalement la rue est un espace public, un cadre vital – ouvert à toutes et à tous – où se déplacer, s’exprimer et se rassembler librement, sans contrainte, ni autorisation des autorités. Cet espace public ne devrait pas être réservé en priorité – comme c’est le cas aujourd’hui – au cortège délétère des automobiles (symbole de la très triste et désolante dystopie que nous vivons). En occupant pacifiquement une rue nous ne faisions – à mon sens – que lui restituer momentanément ses fonctions nobles et premières de lieu d’expression et d’échange.

Conjurer le déni

Faute de mieux, mettre en évidence le déni de ceux qui nous jugent et gouvernent. Convoquer ce déni et le pousser dans ses derniers retranchements pour faire entendre leur silence, dévoiler leur apathie. Devant les désastres avérés, leur mauvaise foi ne pourra que se désintégrer d’elle-même. Mais en attendant que de temps perdu !

Le déclencheur de mon engagement ?

A la retraite, j’ai commencé – seul, avec entrain et application – par confectionner des placards colorés – pour des manifestations sur le climat et les causes féminines et LGBT+. Un jour, seul, j’ai couru avec mon nouveau placard vers le pont Bessières qu’occupaient des manifestants d’XR. Là, puis dans bien d’autres manifestations, j’ai été séduit par les nouvelles formes que peuvent prendre ces actions. La manifestation m’est subitement apparue comme un moment joyeux où faire entendre mes inquiétudes, mais aussi un partage où éprouver physiquement dans l’action d’être ensemble au monde et d’y prendre part. Même si, en marge de ces manifestations, m’interdisant tout accès aux réseaux sociaux, je n’ai pas su trouver les occasions d’échanger des idées, ni véritablement d’enrichir ma réflexion.

Quel impact pour moi a eu ma participation aux manifestations ?

Pour l’heure, ces manifestations n’ont eu aucun effet sur les gouvernements et leurs actions. Ma participation à ces manifestations n’a eu qu’un seul impact, celui de raffermir mes convictions et de me pousser à continuer la lutte, sous d’autres formes peut-être.

Quel est le message que j’aimerais faire passer ?

Pressés par les périls et l’urgence à agir, nous devons nous réapproprier les choix de société, résolus à toujours résister, à ne pas laisser faire.

 

Marc

15 ans. C’est il y a 15 ans que j’ai commencé à prendre conscience de l’ampleur de la catastrophe. La catastrophe climatique d’abord, et la dépendance profonde de nos sociétés aux énergies fossiles. À cette époque, après des études d’ingénierie, ma foi dans le progrès a laissé place à la peur de l’avenir : notre monde progressait, certes, mais pas dans la bonne direction !Comment agir dans cette situation ? D’abord réduire son apport personnel à cette triste évolution. J’ai réorienté mon avenir professionnel, adapté mon mode de vie, ma consommation, ma mobilité, mes loisirs. J’ai approfondi cet engagement au fil des années, en faisant des critères écologiques une priorité dans mes choix de vie. En parallèle, je me suis exprimé politiquement quand j’en ai eu l’occasion, et j’ai tenté de sensibiliser mon entourage par mon discours et mon exemple.

Mais les émissions globales de gaz à effet de serre n’ont pas cessé pour autant d’augmenter. Chaque année, les rapports scientifiques continuaient de tomber, toujours plus précis, toujours plus alarmants. Si l’humanité ne change pas de voie, avertissent les spécialistes, la majorité de la population mondiale ne trouvera plus les conditions nécessaires à la vie : il fera trop chaud pour cultiver la terre, et tout simplement pour survivre.

J’ai donc commencé à éprouver un grand sentiment d’impuissance. Comment ne plus dépendre d’un système qui court à sa perte ? Je cherchais des moyens d’être autonome avec ma jeune famille. Mais la situation climatique n’allait pas nous épargner pour autant, et même si nous réussissions à nous en affranchir, je ne pourrais me résigner à laisser une partie de l’humanité mourir de faim, de soif, de la chaleur, de la pollution, des maladies, ou des conséquences des migrations et des conflits…

A peu près à ce moment, les grèves du climat ont commencé. Je me suis dit: « Si j’y vais, si je me joins à ces foules, j’aurai agi pour la communauté. » Pourtant, parmi des milliers de gens, mon engagement me semblait toujours insuffisant, ma détermination et ma volonté d’agir n’étaient pas pleinement exprimées… En découvrant la désobéissance civile avec les premières actions d’Extinction Rebellion, à Lausanne, j’ai compris qu’on peut résolument éveiller les consciences, sans user de violence, en créant une simple “perturbation” dans le quotidien des gens.

Face à des autorités qui minimisent les risques, qui rejettent la responsabilité sur les individus ou les autres Etats, et qui ne font qu’encourager la consommation – dont on sait qu’elle constitue le plus gros problème – respecter les règles ne m’est plus apparu comme la priorité. Être confronté à la police et condamné par la justice, ce ne sont que des broutilles face à la catastrophe écologique ! L’essentiel est de faire changer les mentalités, les modes de vie, le système.

Voilà donc, à mon avis, le moyen le plus fort d’agir en tant que personne : s’exposer volontairement, en toute conscience des risques encourus, avec son corps, tout en portant le message du péril majeur qui nous guette. Il m’a fallu cependant quelques mois avant que j’ose enfreindre des lois, montrant la peur et la détermination qui m’habitent, pour réclamer les changements nécessaires. J’ai franchi le pas ce 14 décembre 2019.

Mon geste a-t-il contribué à faire changer des consciences ? A-t-il permis à quelqu’un.e de réfléchir aux conséquences de nos modes de vie ? A-t-il motivé un.e politicien.ne à prendre ses responsabilités ?

Je suis convaincu que oui. Depuis ces mobilisations radicales à Lausanne et partout dans le monde, les journaux ont traité la question climatique plus sérieusement et plus régulièrement. Les « plans climat » ont fleuri, dont le plus ambitieux de Suisse est justement celui de Lausanne. Un progrès a donc eu lieu, même s’il n’y a pas encore de quoi nous tirer d’affaire, loin de là. Ainsi, on peut dire que la désobéissance civile non violente contribue à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre et à défendre l’habitabilité de la Terre.

Mais l’urgence est toujours là : plus le temps passe, plus l’atmosphère se réchauffe ; plus la biodiversité, dont nous dépendons pour habiter cette Terre, s’efface ; plus les changements que nous devrons introduire seront rapides, et violents. Il faut donc agir à tous les niveaux dès maintenant, dans la rue comme en politique, avec une radicalité à la mesure des enjeux.

Ce constat m’a mené à co-fonder, fin 2020, un mouvement citoyen dans ma commune. Avec d’autres, nous nous sommes présentés aux élections et avons obtenu quelques succès. Mais la pression de la rue est encore nécessaire pour pousser la classe politique à agir — et déjà à réaliser l’urgence de la situation !

Les crises climatique et écologique sont les plus grandes que l’humanité ait connues depuis bien longtemps. Leurs effets nous touchent déjà, mais toucheront encore bien plus durement nos enfants, les enfants de nos enfants et toutes les générations à venir. Je veux préserver ce qui est essentiel : une vie digne et paisible. Quand le danger est imminent et atteint chacun.e d’entre nous, que nos autorités ne planifient pas les changements majeurs indispensables, alors la rébellion devient un devoir.

 

Aymone

Durant 30 ans de ma vie, j’ai fait mon bonhomme de chemin en tentant au mieux d’aligner mes actions avec mes valeurs. Je me suis toujours dit qu’il était important de ne pas faire n’importe quoi avec la nature, mais sans avoir vraiment conscience de la cata dans laquelle on était. Puis, en m’informant peu à peu, j’ai réalisé : c’est la merde. La grosse cata. C’est beaucoup plus grave que ce que je pensais… Les espèces disparaissent plus rapidement que jamais, nous avons perdu plus de 80% des insectes en Europe dans les 30 dernières années, le climat se dérègle et perturbe les récoltes, nous manquons de plus en plus d’eau, …, et tout cela, c’est parce que l’humain détruit le vivant pour faire du profit. Et moi, Aymone, je ne vais pas pouvoir faire grand-chose à tout cela en achetant une brosse à dents en bambou. J’ai alors été très déprimée, voire désespérée, pendant plusieurs mois. Je me suis sentie très impuissante.Puis une amie m’a parlé de gens qui ont commencé à s’organiser et à se rebeller, pour alerter les pouvoirs publics, pour que les choses changent pour de vrai. C’est la détermination calme de ces gens qui m’a touchée le plus : on ne va rien lâcher, jusqu’à ce que ça change, et on le fait par amour pour le vivant, pour nous, pour les autres. Et on le fait avec calme. C’était il y a deux ans et depuis je me suis aussi engagée dans la rébellion contre l’extinction.Je n’ai largement pas été la première à réaliser que notre fonctionnement politique et économique nous amène à la destruction du vivant, y compris ce qui nous fait vivre nous, humain·e·xs. Il y a eu beaucoup de monde avant moi. Ces gens ont essayé beaucoup de choses, aussi en Suisse : faire changer les lois via les partis ou les initiatives, inciter les gens à voter plus, rejoindre des ONG pour la protection de la nature, informer les gens de la problématique, mener des actions coup de poing pour attirer l’attention sur le sujet, etc. Je ne peux pas imaginer où on en serait si tout cela n’avait pas été fait. Or, force est de constater que tout cela n’a pas été suffisant : nous émettons chaque année plus de CO2, détruisons de plus en plus le vivant, et de manière générale, rien ne montre que la tendance va changer. Et l’urgence est grave. Nous avons peu de marge avant que le climat se dérègle complètement, que les boucles de rétroaction ne se déclenchent, et qu’on ne puisse plus faire marche arrière. Certains écosystèmes seront perdus à jamais. Nous n’avons donc pas une minute à perdre.

J’ai alors choisi de libérer de mon temps pour aller faire rempart à ce système, et pour dire : maintenant, ça suffit. Et je ne bougerai pas tant que cela ne change pas. Car il s’agit de ma vie, celle de ma famille, mes proches, et des autres. Cela doit peser plus dans la balance des décisions des politiques publiques que le chiffre d’affaires des entreprises, porté par les voix de leurs lobbies.

Comme j’ai choisi de me positionner et me rebeller à visage découvert, car j’assume pleinement mes choix et actions, je vais probablement avoir plusieurs procès, devoir payer des amendes, avoir un casier judiciaire, et peut-être même faire de la prison. Je n’ai aussi pas envie de vivre tout cela, et surtout pas de faire de la prison. Mais j’ai encore moins envie de vivre dans un mode à 4 degrés de réchauffement, avec des événements climatiques extrêmes de plus en plus réguliers, des pandémies, un manque d’eau et de nourriture, et des luttes civiles entre personnes qui cherchent juste à vivre ou survivre, … Avec ma situation personnelle actuelle, financière, mon statut social, ethnique, …, je réalise que je prends en réalité des risques légaux mesurés si je fais de la désobéissance civile, et je les accepte. On verra ce que la suite me réserve…

Actuellement, je travaille comme thérapeute avec des enfants, et mon métier me tient très à cœur. Je cherche à trouver un équilibre avec mon engagement, qui se renégocie tout le temps. Pour le moment, j’arrive encore à mener ces deux activités, bien que j’aie déjà renoncé à certains postes ou opportunités d’emploi pour pouvoir concilier les deux. Et j’ai la chance d’avoir des proches très compréhensif·ve·xs et qui me soutiennent, même cela n’ait pas toujours été facile à gérer non plus, car mon engagement me prend du temps et de l’énergie.

Je n’ai pas d’espoir pour l’avenir, car mon espoir ne va pas me sauver. Je fais dans le présent tout ce que je peux, j’agis, pour tenter tout ce qui est possible, mettre le plus de chance de mon côté. Je pense que si nous sommes assez nombreux·euses à faire cela, nous pouvons faire changer les choses.

Imaginez-vous sur votre lit de mort, repensez à votre vie. Demandez-vous, qu’est-ce qui a compté, quels actes ont été importants ? Avez-vous fait ce que vous jugez nécessaire, avez-vous vraiment fait tout ce qui était en votre pouvoir ?

 

Sophie

Adolescente, je lisais les conséquences de la pollution, dans les journaux du WWF et de la ligue suisse pour la protection de la nature. Il m’était expliqué ce que signifierait la disparition des insectes, l’effet des sprays sur la couche d’ozone. Je me disais que nous pouvions changer nos habitudes et j’essayais d’en parler autour de moi, sans beaucoup de succès. Puis le temps a passé et le problème a augmenté.J’ai longtemps pensé que fermer le robinet et faire attention dans mon quotidien allait avoir un impact intéressant et efficace. Aujourd’hui je continue à le croire et ne lâche pas les gestes quotidiens, tel le colibri du conte – car chaque geste compte. Mais je sais que cela ne suffira pas face à la pollution immense due à notre vie consumériste, capitaliste.

Les documentaires ne manquent pas pour nous informer des constatations des scientifiques. On sait aussi que le monde de la pétrochimie a tout fait pour éteindre leurs voix. La priorité étant le commerce devant la survie du vivant (les humains mais aussi les animaux sur terre, dans la mer, les plantes).

Nous demandons depuis longtemps avec XR que notre gouvernement annonce clairement la réalité climatique et prenne les mesures importantes pour faire face à ce challenge. La majorité de la population est très éloignée de cette réalité. Nous nous retrouvons dans la situation folle où les activistes du climat sont vus comme des dérangeurs, des empêcheurs de jouir à fond de tous les biens de la planète. Rien d’étonnant car ils n’ont pas réalisé le drame qui se prépare. Dans ces conditions comment peuvent-ils comprendre notre démarche ?

Nous essayons de réveiller le gouvernement pour qu’il joue son rôle de protecteur. N’est-ce pas de leur devoir de prendre en compte les signaux d’alerte répétés depuis plus de 40 ans ? N’est-ce pas de leur devoir de protéger la population ? Ils ont accès à toutes ces informations mais n’agissent pas. Nous sommes dans une maison qui prend feu et personne ne se charge d’empêcher ceux qui mettent de l’huile sur l’incendie de le faire. Pire, notre gouvernement continue à accepter que les entreprises déversent cette huile en connaissance de cause et au nom de l’économie.

Il ne nous reste plus qu’à faire du bruit, à crier dans la rue, à nous faire remarquer. Pour cela nous sommes prêts à aller jusqu’à une arrestation, prendre le risque d’être jugés, amendés pour que le monde sache le drame.

Je fais partie du monde de la santé. En tant que sage-femme j’ai aidé les couples à voir venir leurs enfants dans les conditions les plus douces possibles. Aujourd’hui, face aux nouveaux nés, je suis effrayée en pensant au-devant de quoi ils vont. J’ai envie de demander à mes enfants de ne pas en faire.

Comment en sommes-nous arrivés là ? En tant qu’homéopathe, je cherche à soigner mes patients de manière holistique – complète. Prendre soin des gens c’est aussi éveiller l’attention aux impacts de la pollution sur la santé. Les bouleversements des écosystèmes amènent depuis plusieurs années des zoonoses, maladies dues à la migration d’animaux délogés de leurs habitats. Le Covid 19 en est un exemple. Le permafrost fond et va relâcher progressivement les virus retenus sous les couches de glace, le manque d’eau, l’impossibilité de cultiver dans bien des régions du globe amenant famine et déshydratation. La pollution augmente de manière remarquable les problèmes d’insuffisance respiratoire. En tant que soignante, il est de mon devoir de faire tout ce que je peux pour préserver la santé du vivant, ne rien faire correspond à une non-assistance à personnes en danger.

Il nous est constamment reprochés de ne pas passer par les chemins politiques habituels pour nous faire entendre (référendums, initiatives) mais notre gouvernement sait ce qui se passe et ne fait rien. Comment peut-on nous faire croire que le recours à une votation va changer le système ? J’espère que les gens seront interpelés par 200 personnes prêtes à se présenter devant les tribunaux pour clamer le danger. J’ai 56 ans, je ne fais pas une crise d’adolescence et d’utopisme. J’espère que ce procès sera un des moyens de montrer à la population que des citoyen-nes de tout âge sont prêts à se battre pour la survie, quitte à se faire juger. J’attends le jugement du peuple, du vivant et non pas de règles désuètes qui font passer l’ordre du profit devant celui de la survie.

C’est difficile de s’impliquer de cette manière. J’ai souvent peur en allant manifester, en me retrouvant en cellule mais je me dis que face à ce qui nous attend, ce n’est rien. Je me suis souvent demandée dans quel camp je me serais située durant la deuxième guerre mondiale. Je n’ai pas la réponse mais aujourd’hui je veux faire partie du camp de ceux qui se sont bougés pour gagner le chalenge fou qui nous attend : trouver un nouvel équilibre pour que le vivant gagne. Je crois fondamentalement que l’être humain est capable du pire comme du meilleur. Je sais que nous avons l’inventivité, la combativité pour réussir à réinventer une manière d’exister équitable et écologique.

 

Sophie

Bonjour,

J’ai 56 ans, quatre enfants de 21 à 26 ans.

Je suis infirmière et j’ai travaillé pendant des années dans des pays en guerre, où les habitants sont atteints par la malnutrition (due à périodes de sécheresses et d’inondations en alternance) et dans leur santé. Je travaillais surtout dans des camps de réfugiés ou de déplacés, où le taux de mortalité était élevé. Actuellement, je travaille à l’EVAM avec des requérants d’asile. Ils ont tous un parcours migratoire marqué par la perte et la souffrance. J’ai donc une image assez précise de l’impact que va avoir de plus en plus le réchauffement climatique sur notre planète et ses habitants.

Il me semble que les Suisses n’ont pas idée de ce que pourrait être notre futur si rien ne change. Ce ne sera pas un interrupteur qu’on bascule, ce sera beaucoup de violence et d’insécurité, en Suisse aussi. Et c’est également ce message que j’aimerais transmettre. Je pense malgré tout que nous pouvons encore limiter les dégâts, si nous faisons les changements nécessaires MAINTENANT, pas demain. Pour cela, il faut que tout le monde prenne conscience de la gravité de la situation, et qu’au lieu de se cacher la tête dans le sable, décide de retrousser ses manches. Bien sûr qu’on peut toujours trouver d’autres qui polluent plus que nous (les transports, les industries, les multinationales, etc.) mais nous ne pouvons plus tenir cette position, nous devons nous y mettre chacun, et ensemble. Il me semble primordial de se regrouper, de recréer des liens, de remplacer nos objets par les relations humaines et de faire cette grande transition.

Il n’y a plus de temps à perdre, c’est pourquoi je milite, je manifeste et je désobéis si c’est cela qui est nécessaire pour faire passer le message. Nous n’avons plus des décennies, ni même des années pour faire le changement. Et tous les moyens non-violents sont valables pour attirer l’attention et faire prendre conscience à tout un chacun de l’urgence. Nous avons une planète magnifique et résiliente, mais nous, ses habitants, sommes fragiles. Prenons soin de la Terre, du sol et des vivants.

FAISONS LA TRANSITION MAINTENANT, TOUS ENSEMBLE, SANS LAISSER PERSONNE EN DEHORS.

Nous pouvons le faire, et dans la joie d’être en lien avec les autres et la nature.

 

Jo

C’est le petit déj’ sur le pont à Lausanne, au printemps 2019, qui m’a poussé à m’engager physiquement dans la lutte. Cela faisait de nombreuses années que je me morfondais dans mon désespoir au vu de la situation écologique et climatique. Je donnais ma part à des associations chaque année mais je ne trouvais pas le souffle d’aller moi-même faire quelque chose avec ma tête, mon cœur et mon corps. Et là, bim, sur la voie publique, de façon joyeuse et pacifique. « Juste » des gens, en nombre, qui se montrent et qui disent à l’État : « tu foires, on ne te fait plus confiance ». Qui disent, avec humour mais gravité : « Y a le feu au lac ». Ça avait un côté dramatiquement joyeux avec des gens « normaux », qui s’inquiètent, qui ont peur, mais qui disent « assez ! ». Je me retrouvais bien dans cette foule qui n’est pas constituée de professionnel.le.s de la politique, mais de gens qui, certainement, souhaitaient être partout ailleurs que là, préféraient être occupés à autre chose que de sentir la nécessité de venir tirer la sonnette d’alarme de cette façon. De voir aussi les tout jeunes qui battaient le pavé, ça motivait. Quand une génération entière sort dans la rue pour réclamer le droit de vivre comme ses aînés, longtemps, peut-on réellement rester simplement à regarder ?

La Suisse a un côté désespérant avec sa « démocratie ». C’est une façon très singulière et efficace de désamorcer toute contestation forte avec l’argument de « t’as qu’à faire une initiative si t’es pas content ». Mais quand on observe de façon très visible à quel point les processus actuels ne sont pas assez démocratiques, c’en est désespérant d’hypocrisie, de cynisme et de mesquinerie. Partant, l’État également dans son ensemble perd sa légitimité à cadrer nos vies et cela surtout lorsqu’il ne sait pas prendre les mesures nécessaires pour faire face et stopper la catastrophe en cours. Le contrat social établit le devoir pour l’État de créer les conditions propices à une vie décente, digne et cela sur le long terme. Ce n’est plus le cas, le contrat social est ainsi rompu. Ceci n’est pas écrit à la légère, ce n’est pas un simple désaccord politique ou encore idéologique. Les conditions même de notre survie sont mises en péril par l’inaction de l’État et des sphères au pouvoir. Il n’y a dès lors aucune raison de « rester dans les clous » de ce système mortifère. Ceci dit, je ne pense pas qu’il faille abandonner le champ de lutte que constituent nos institutions, je vote, je soutiens les élu.e.s s’engageant pour plus de justice climatique et sociale. Mais je crois bien que le moment est venu de secouer très fortement l’État pour qu’il se remette sur le droit chemin, sous sa forme actuelle ou une autre, afin qu’il serve réellement sa population.

L’avenir n’a de sens plus que dans une perspective d’engagement. La neutralité n’existe pas. Ma vie doit désormais s’accorder, s’identifier de façon aussi proche que possible à la nécessité de changement dans nos sociétés. Ce n’est plus seulement la question de « s’engager » comme étant une partie ou un temps dans la vie, il s’agit de vivre de façon engagée. Ceci étant dit, je fais partie de la tranche des pessimistes quant à notre avenir. Entre l’inertie de nos sociétés, les intérêts contraires, le manque d’information, je crains qu’il faille attendre une (trop) grande catastrophe avant que l’incitation au changement ne se concrétise à large échelle. Et que ce soit alors définitivement trop tard. Je fais partie de ceux qui estiment qu’il est déjà trop tard et que la seule chose qui nous reste à faire est de limiter les dégâts. Ça peut quand même changer notre avenir du tout au tout mais je ne me fais d’illusion sur notre celui-ci. Il sera vert, et du coup viable, ou il ne sera pas.

Ce n’est pas que le temps presse, c’est que le temps est déjà pressé. Chaque seconde, chaque voix, main et volonté compte.

 

Antoine

Quand j’étais ado, j’ai commencé à régulièrement lire le journal et j’ai vite réalisé qu’on était en train de scier la branche sur laquelle on était assis. Ça me paraissait tellement absurde. Il fallait faire quelque chose pour stopper ça.

A l’université, j’ai d’abord participé à des campagnes de sensibilisation, à faire un potager sur le campus, à demander à l’université d’utiliser du papier recyclé, etc. Puis je me suis dit que ce n’était pas aux consommateur·rices en nous qui il fallait parler, mais aux citoyen·ne·s. Nous devons avant tout changer les lois et le système économique. Je me suis donc engagé dans le mouvement « Divest », qui poussait les universités et autres grands investisseurs à ne plus financer les énergies fossiles, pour que l’argent afflue plutôt dans les alternatives. Je pensais que, cette fois-ci, on allait pouvoir changer rapidement les choses, mais ça avançait très lentement, trop lentement. C’était en 2013, je crois. J’étudiais au Royaume-Uni. Les responsables de l’université voulaient bien nous entendre, mais, malgré les signatures de nombreux profs et élèves, ils traînaient les pieds quand il s’agissait de faire quoi que ce soit qui avait un réel impact sur leurs investissements.

J’ai alors commencé à participer à des actions comme les occupations, le temps d’un week-end, de mines de charbon au Royaume-Uni et en Allemagne. Ça me semblait juste de faire tout mon possible pour stopper ce tueur de masse qu’est le charbon. Puis, lors d’une « critical mass » pour protester contre la construction de la 3e piste à l’aéroport de Heathrow à Londres, j’ai appris que le blocage des routes qui menaient l’aéroport était prévu deux mois plus tard. A ce moment, je lisais l’histoire de mouvements sociaux de l’histoire moderne et j’étais très inspiré par ces gens qui ont eu le courage d’enfreindre la loi, d’aller à l’encontre du courant dominant parce que leur conscience leur disait de le faire. Je suis allé à la réunion de présentation de l’action et j’ai décidé de trouver, dans la ville où j’habitais, des gens avec qui j’irais m’enchaîner à l’aéroport. Nous étions quatre dans notre groupe à nous enchaîner, couchés sur la route. Moi, j’étais enchaîné à une dame de 65 ans, qui est devenue une amie. Première garde à vue et premier procès. Nous avons été condamnés à des peines symboliques. C’était en 2016. Pour la petite histoire, d’autres gens ont continué à faire des blocages à Heathrow et des actions ciblant les politiciens qui soutenaient le projet. Trois ans plus tard, la cour suprême britannique décrétait que la construction de la 3e piste à l’aéroport était illégale, car contraire aux engagements du gouvernement à réduire les émissions de CO2.

Depuis, j’ai participé à de nombreuses actions de désobéissance civile en Suisse. Comme je suis enseignant, j’ai d’abord attendu d’obtenir un contrat stable avant que mon casier judiciaire suisse ne se remplisse, mais je sentais que je ne pouvais pas attendre davantage, que la crise climatique et écologique elle n’attendrait pas, qu’il fallait des gens qui dépassent leur peur et j’avais le privilège de pouvoir le faire sans risquer grand-chose. Peut-être que le jour arrivera où je serai convoqué par les autorités qui me diront que mes « crimes » sont incompatibles avec la fonction d’enseignant, mais, pour l’instant, je peux exercer mon métier. Et c’est dans les moments où je fais ce qui me paraît juste, où je sors de ma zone de confort pour suivre mon cœur que je me sens libre et vivant. Je crois que c’est pour ces moments que je suis sur Terre.